Remontons le temps


la présence de l’humanité est attestée par des traces rupestres en foret de Fontainebleau datant du néolithique.

Barbizon, paroisse ancienne du pays du Gatinais, devenue hameau en 1789, redevenue village indépendant en 1904, célèbre pour son école de peinture et ses nombreux artistes qui ont habité, passé, peint, mangé, dans notre village. Mais Barbizon c’est avant tout le monde paysan avec ses cours de fermes, ses troupeaux de moutons, de vaches, ses champs qui entouraient Barbizon pour partie et l’autre par la forêt de Fontainebleau, océan de verdure, mystérieuse, ancienne foret de Bière, domaine royale puis domaniale, poumon de la région pour ses centaines hectares d’arbres feuillus ou persistants.

Un condensé de l’histoire de Barbizon vous est raconté agrémenté de quelques documents.

Première trace écrite de la connaissance de Barbizon.

Barbition-BARBITIO.

Ce nom trouve sa première attribution en l’an 808.

RECHERCHES SUR LA TOPOGRAPHIE GATINAISE

LA DÉDICACE DE L’ÉGLISE DE CHAILLY-EN-BIÈRE.

On trouve rarement, il faut l’avouer, des documents authentiques et précis sur la fondation et la dédicace de nos églises rurales. Il n’en existe aucun à notre connaissance qui remonte à l’époque de Charlemagne.

Nous avons eu la bonne fortune de rencontrer, dans des publications (1) où nous ne l’eussions certes pas cherchée, une pièce précieuse pour la topographie ancienne d’un petit coin du pays de Bière : elle fait partie d’un recueil de formules où se trouvent réunis des modèles variés d’actes publics et privés à l’usage des habitants du diocèse de Sens à l’époque carolingienne. En général ces actes se présentent sous une forme impersonnelle et uniforme, sortes de protocoles dressés d’avance et où tout est rédigé à l’exception des lieux, des personnes, des dates et de certaines circonstances particulières. De même que nous trouvons aujourd’hui, dans toutes les grandes administrations publiques, des imprimés où l’on n’a plus qu’à remplir les blancs ménagés pour des inscriptions spéciales à chaque individu, de même nos aïeux avaient à leur disposition des modèles de rédaction auxquels ils avaient recours pour conserver un style déterminé à tout ce qui était susceptible de se reproduire fréquemment dans les chancelleries royale, féodales ou épiscopales, et chez les notaires ou tabellions.

Par un heureux hasard, l’auteur du recueil des « Formulae Senonenses » y a inséré une pièce aujourd’hui historique, d’où les noms géographiques n’ont pas disparu. L’intérêt de l’acte est ainsi pour nous plus que doublé, mais il a échappé aux différents éditeurs qui n’ont pas su identifier ces localités de notre Gâtinaisseul M. Longnon a pu, d’après ce document, faire figurer dans son Atlas historique de la France (2) sans autre explication d’ailleurs, un lieu nommé « Cadiliacum » à l’endroit même où se trouve sur nos cartes « Chailly-en-Bière ».

Voici le texte auquel nous voulons faire allusion :

Cessio ad ecclesiam a novo edificatam.

Regnante Domino Jesu Christo in perpetuum, ego ille episcopus. Omnibus non habetur incognitum qualiter ego, ausiliante Domino, in pago, in villa cuius vocabolum est, ibi in basilica sanct i Pauli atquc sancti Stephani vel in onore ceterorum sanctorum, quorum ibidem reliquie quiescunt, construcxi atque kalendis Iunii dedicare certavi. Consensavi etiam confratribus, tam canonicis quam et monachis vel ceteris hominibus, qui ad presens fuerunt, ut ville quarum vocabula sunt Cadiliaco, Tanculfovilla, Fagido etBarbitionevillare (4), ut ibidem aspicere deberent ad missas veniendi et ad baptismum vel predicationem et ut decimas suas ad memoratum basilicam dare deberent. Propterea pro firmitatis studium anc consensionem scribere rogavimus, ut temporibus nostris atque successoribus nostris anc nostra consensio firma et stabilis valeat permanere, et sciant omnes tam présentes quam et absentes seu subcessoresque nostri, quia dedimus in memoratum illuim Cadiliaco duos mansos ad ipsam luminariam previdendam, vel unde presbyter, qui ibidem officium fungere videtur, vivere debeat; et addimus ad hoc insuper de terra arabile et de vinea aripenne uno et dimidio, ut evo tempore in elimosinam nostram seu subcessorum nostrorum ita valeat perdurare.

Actum fuit hoc sub die memorato, kalendis Iunii in anno 8, Christo propitio, imperii domni Karoli serenissimi augusti et anno 40 regni ejus in Francia atque 35 in Italia, indictione prima (5), in Dei nomine filiciter, amen.

His presentibus qui adfuerunt illuc.

L’église vient d’être construite l’évêque veut la consacrer aux calendes de juin. Elle sera destinée à servir de paroisse aux habitants de Chailly, de Tancouville, de Fay et de Barbizon (6) qui viendront y entendre la messe et la prédication, y recevoir le sacrement du baptême, et y apporter la dîme due au clergé. Le prêtre qui sera chargé de cette paroisse reçoit de l’évêque deux maisons et leurs dépendances, un arpent de terre labourable et de vigne, le tout situé à Chailly, pour subvenir à ses propres frais et à ceux du luminaire de l’église.

Où fut élevée cette église? Évidemment à Chailly, et pour plusieurs raisons d’abord le prêtre résidera à Chailly; puis cette localité est nommée la première des quatre qui doivent être desservies par cette nouvelle paroisse; Chailly était sans doute alors, comme aujourd’hui encore, un centre de population plus considérable que les autres hameaux mentionnés dans l’acte; enfin, détail intéressant, il existe toujours sur le territoire de la commune un petit chemin, dit « Chemin de la Messe », qui conduit de Barbizon à Chailly, et que suivaient naturellement les habitants du hameau pour aller assister à l’office de l’église paroissiale.

Il ne reste d’ailleurs absolument aucune trace de l’édifice construit avant l’année 808, à Chailly, pour le service divin. L’église actuelle de ce lieu notre aux regards des visiteurs rien d’antérieur au XII°siècle (7), et la majeure partie a été complètement refaite au XVI°; elle a évidemment remplacé l’église plus ancienne, tombée en ruines ou devenue trop exiguë, dont nous connaissons désormais l’époque de fondation, et dont nous avons inutilement cherché, sur les lieux, à retrouver le moindre vestige. Outre que les remaniements postérieurs et successifs l’ont transformée, ses contreforts extérieurs sont enfouis dans un amas de gravats et de décombres qui rendent toute constatation impossible en rehaussant le sol ambiant de près d’un mètre. Il n’est pas dit toutefois qu’un jour des travaux devenus nécessaires ne mettront pas à jour des fondations remontant au IX° siècle. On aura alors une date précise et certaine pour en expliquer la présence.

Des quatre noms de lieu cités, trois se retrouvent aujourd’hui Chailly, chef-lieu de la commune ; Fay, hameau important; et Barbizon, plus célèbre aujourd’hui par le côté pittoresque qu’au point de vue historique. Quant à Tancouville, dont la signification est claire, et dont la situation était jadis toute voisine de Fay, comme l’indique un document du XIII° siècle que nous avons retrouvé (8) il n’existe plus dans la mémoire des plus anciens habitants de la commune, et nous l’avons vainement cherché sur le cadastre de 1826.

Nous ne voulons pas sortir du cadre que nous nous sommes tracé, et poursuivre au de là du 1° juin 8o8 l’histoire de Chailly-en-Bière et de son église. M. G.

Leroy l’a d’ailleurs esquissée suffisamment (9) et j’aurais peu de chose à ajouter à ses notices. Cependant il nous sera peut-être permis de signaler un document inédit qui a une très étroite relation avec celui que nous avons publié plus haut, puisqu’il concerne l’église de Chailly et la donation qui en fut faite, par Henri Sanglier, archevêque de Sens, vers 1132, aux moines de l’abbaye de Saint-Maur-des-Fossés (10) :

In nomine Domini nostri Jesu Christi. Ego Heinricus, archiepiscopus Senonensis, posteritatis memorie tradere curavimus quod, veniens ante presentiam nostram venerabilis Ascelinus, Fossatensis monasterii abbas,petiit ut duas ecclesias que sunt in nostro archiepiscopatu, ecclesiam videlicet de Acheriis (11) et ecclesiam de Calliaco, Fossatensi monasterio concederemus, cujus petitioni annuentes concedimus predicto Fossatensi monasterio et concedimus predictarum ecclesiarum decimas et oblationes, salvo jure sacerdotali atque pontificali synodorum videlicet et circadarum. Huic concessioni interfuerunt Theobaldus archidiaconus, Symon archidiaconus, Petrus archidiaconus, Willelmus archidiaconus, Constantinus decanus. Symon cancellarius scripsit (12)

Peut-être même est-ce à la suite de la remise faite à Saint-Maur-des-Fossés de l’église de Chailly que la riche abbaye imagina de reconstruire l’édifice du IX° siècle sur des bases plus larges et plus solides 3. Ce qui correspond au mois de juin 808.

Quoi qu’il en soit, on ne possédait des preuves de l’existence de Chailly-en-Bière (13) et de Barbizon (14) que depuis le milieu du XII° siècle; désormais on saura que ces localités étaient, trois siècles et demi auparavant, assez importantes pour posséder une église dont la dédicace eut lieu le 1er juin 808.

HENRI STEIN.

Article tiré de

Annales de la Société historique & archéologique du Gâtinais

Société historique et archéologique du Gatinais

Éditeur : Impr. E. Bourges (Fontainebleau)

Date d’édition : 1883-1939

Identifiant : ISSN 20157665

NOTES sur ci-dessus:

  1. Recueil général des formules unsitees dans l’Empire des Francs du V° au X° siècle, par Eugène Rozière (Paris 1859, in -80,tome II,p.75) ;- monumenta Grmaniae historica, Leges ; sectio V, Formulae (Hannooverae, 1886, in-40) Formulae Senonenses recentiores, p .217, -l’original est à Paris , dans le ms. Latin 4627 de la bibliothèque nationale.- il y a dans les Formulae senonenes un acte qui intéresse le monastère de Gy-les-nonnais( Gaicus in pago Wastinense).
  2. Deuxième livraison (Paris, Hachette, 1888, in-4)), p.171.
  3. Nous complétons ici les quelques lettres qui manquent d’après le vocable du saint patron actuel de l’église de Chailly en bière.
  4. Cf. Neues Archiv, VI, p.78 (art. de karl Zeumer).
  5. . Ce qui correspond au 1° juin 808.
  6. Ainsi la circonscription de la paroisse du IX° siècle est restée exactement ce qui forme la circonscription municipale du XIX° siècle.
  7. Cf. Almanach historique, topographique et statistique du département de Seine et marne, XVI (1876), p.99 ; et Edm. Michel, Monuments religieux, civils et militaires du Gatinais, p.276.
  8. Archives municipales de Melun, GG. 4 (Notes d’un bénédictin de Saint-Père de Melun), p.26 : »Mathilde, abbesse du Lys, échange ave Barthélemy le Hardy une pièce de terre que l’abbaye avait à Fay, au territoire de Tancouville, contre une autre située à Dammarie » (novembre 1259). [Mention].
  9. Almanach …. De Seine et Marne cité, et Excursions au pays de bière (Melun, in-16), p.19. –Je trouve en mars 1295(n. s.) dans un registre des Archives départementales de Seine et marne, H.566, f°55, mention d’un seigneur de Chailly, Adam Chasselievre, dont M. Leroy ne parle pas.
  10. Aux environ de Paris.
  11. Achères, canton de la Chapelle-la-Reine (Seine et marne), que quelques Kilomètres seulement et un coin de foret de fontainebleau séparent de Chailly.

12 . Archives nationales, LL. 46, f° 26 vo.

  1. Les seigneurs en sont connus dès cette époque, et l’on trouve différentes mentions (au XIII° siècle) de Chailly et de Fay dans le cartulaire de l’abbaye de Barbeau (Bibliothèque nationale, ms. latin 10943, fo 58 et suiv.).
  2. Cf. L. Delisle, Catalogue des actes de Philippe-Auguste (Paris, 1859, in-80), p. 279. Combien cependant ne croient pouvoir faire remonter le hameau de Barbizon au delà soixante ans On ne connaît que la localité aimée des artistes et on se figure volontiers qu’elle a été créée par eux ou pour eux, sans se douter qu’elle est un des plus anciens lieux habités du pays de Bière dont l’existence nous soit révélée par des documents certains.

Première cartographie du village.

le premier cadastre Français.

Film sur Barbizon tourné en 1943 montrant le village de cette époque.


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