Lettre à Ferdinand Chaigneau


Paris le 9 novembre 1870

Monsieur le Président,

Craignant que les Prussiens ne répandent dans vos communes les bruits les plus sinistres sur ce qui se passe à Paris, je crois bien faire de vous informer des événements qui ont un peu agité la ville depuis dix jours. On vous a dit peut-être que la Commune révolutionnaire règne sur Paris avec Blanqui et Falain ? Pyat pour ministres et Flaurazins pour généralissime. La vérité est, que les personnages susdits ayant éprouvé l’irrésistible besoin de faire parler d’eux et surtout de bien boire et de bien manger aux frais de l’Hôtel de Ville, ont trouvé, bon lundi dernier de se promener sur les tables, de briser les fauteuils et de jeter des bouts de papiers portant leurs noms par toutes les fenêtres, pendant que les plus forcenés gardaient à notre brave et honnête gouvernement Ajusté plusieurs fois Trochon a été effleuré par une balle. Il a eu la patience et la sagesse admirable d’attendre et de se fier au patriotisme de la garde nationale qui l’a délivré, sans qu’une goutte de sang n’ait été versée. Les braves tir… ailleurs de Flaurens se sont enfuis penauds et tremblants, les uns jetant leurs armes, pendant que leur vaillant chef oubliait son cheval. La chose a duré jusqu’à 2 heures du matin, heure à laquelle Tronchin a pu passer en revue 8 000 gardes nationaux accourus à son appel. On avait battu la générale de 8 heures à minuit, papa était parti comme vous pensez bien, voir le premier, jugez la jolie nuit que nous avons passée là, grâce à messieurs les commis vineux. Nous avons eu l’occasion d’apprendre dimanche par un prisonnier comme Fontainebleau est bien meublé. Quatre régiments de la garde ! Quelle chance mes seigneurs ! On vous fait bien de l’honneur et grande doit être votre satisfaction ; aussi votre abondance de vivre est facile à comprendre quand on sait que vous êtes les fournisseurs principaux de Versailles. Nous avons été rassurés cependant sur le sort de votre ambulance ; il nous a été assure qu’on ne faisait pas de mal aux maisons pouvant prouver leur dépendance régularisée de la société il est seulement probable que vous vous êtes fort approvisionné de Prussiens, l’imprimé ci-contre comme en acte expressions des sentiments parisiens. Pour ma part je ne suis pas fâchée du tout qu’il n’y ait pas d’armistice, et bien des gens sont de mon avis heureusement. Car nous sommes pretou pour Fabius Lunctator l’aura prouve avec éclat. Un décret de ce matin mobilise toute la garde nationale. Les volontaires Inscrits et les célibataires sont assimilés à la garde mobile. Les autres formeront la réserve. Je suis sûre que vous regrettez de n’être pas resté à Paris, maintenant que la garde nationale un rôle si utile. La commission artistique vient de couvrir les murs d’affiche faisant appel aux artistes pour la loterie nationale et signée ; les délégués Moissinnier, Garnier, Baudry, Toulmonde, Bida, Chaigneau, Tcharkosky, au fond de votre nid à Prussiens, sinon président êtes vous content ?

S’il y a dans votre commune des pauvres gens en peine de leurs enfants blessés et prisonniers, dites-leur de bonne source qu’ils sont tous bien traités en Allemagne ; et qu’à Paris ils sont soignés dans des ambulances par de grandes dames qui les regardent tous comme leurs enfants. C’est la vérité. Vraie. Je vois qu’il faut décidément renoncer à revoir Fontainebleau cette année. Nous nous consolons par l’espoir d’une fin telle que la justice peut la faire souhaiter. Vous comprenez n’est ce pas ? Si vous avez quelques choses à demander à l’ouverture des lignes, secours, médecins et suivant les événements à venir, je vous conseille d’adresser votre demande à M. Chanier ? Médecin chef au grand Hôtel, où se trouve maintenant l’ambulance principale. En attendant, bon courage et bonne chance, monsieur le président, mille amitiés de mes parents et salut fraternel.

Contexte historique de cette lettre

La Guerre.

En octobre 1870, lorsque succédant à l’enthousiasme de la déclaration de guerre à la Prusse, nos premiers revers eurent affolé tous les esprits, j’étais depuis un mois au bord de la mer avec mes enfants. Pendant notre séjour dans le Calvados, les nouvelles étaient devenues, de jour en jour, de plus en plus mauvaises. Dans notre inquiétude, je fis le contraire de ce que firent beaucoup de gens, je voulus renter chez moi, pendant que quoique déjà à cette époque j’eusse l’âge d’être appelé sous les armes, je pourrais peut-être au moins protéger ma famille. Au lieu donc d’aller comme tant d’autres m’enfermer dans Paris, qui allait certainement supporter toutes les misères d’un siège, je voulus regagner Barbizon, où j’avais laissé de vieux parents.

Arrivé à la gare de Lyon, à Paris, je trouvais cette gare encombrée de soldats et d’une telle quantité de monde, qu’on pouvait à peine ne pas s’égarer dans cette foule. Les trains ne partaient plus régulièrement, étaient tous réquisitionnés pour le transport des troupes, l’enregistrement des bagages ne se faisait pas facilement et nous nous voyions dans un grand embarras. Par un hasard providentiel, une chance tout à fait extraordinaire me fit reconnaître dans cette foule le voiturier qui faisait le service de Melun à Barbizon et qui était venu amener à Paris mon pauvre Prieur, qui devait y mourir. Ce voiturier nous ramena donc à Barbizon avec son omnibus, et, partis de Paris à six heures du soir, nous arrivions à Barbizon à minuit ; heureusement, car le lendemain les portes de Paris étaient fermées et notre départ fut devenu impossible.

Quand nous arrivâmes dans notre village, des ordres étaient venus d’organiser une garde nationale, on faisait l’exercice sur la place de Chailly, on dressait des barricades sur les grandes routes de la forêt ; et, de temps en temps, on entendait au loin des explosions de mine qui prouvaient que l’on faisait sauter les ponts de la Seine.

Cependant, on n’avait pas encore vu l’ennemi dans nos environs et on espérait toujours qu’un revers le forcerait à reprendre le chemin de la frontière. Comme on commençait à être sans nouvelles ; les imaginations allaient leur train et les bruits les plus contradictoires nous jetaient tantôt dans le désespoir, tantôt dans la joie.

Millet avait quitté Barbizon, emmenant sa nombreuse famille dans son pays et Barye l’avait imité, en emmenant aussi les siens à Cherbourg. Ces deux familles vécurent là jusqu’à la fin de la guerre, en sécurité, il est vrai, mais dans l’inquiétude continuelle qu’entraînait l’absence de nouvelles, et sans savoir ce qui pouvait devenir leur installation à Barbizon. Tous les gens en état de porter les armes avaient pris du service. Gaston Lafenestre était lieutenant dans la garde mobile, où mon vieil ami Lombard, quoique ayant atteint la quarantaine était soldat.

Je n’ai pas eu l’occasion de parler cet aimable homme, qui est encore aujourd’hui un fidèle barbizonnier ; je n’aurais eu qu’à en dire du bien, mais comme il a toujours vécu très retire, il a été moins que d’autres à la vie de notre village. Rien que le fait d’avoir, malgré son âge et sa dureté d’oreilles qui l’en dispensait, voulu s’engager dans la guerre, prouve combien c’est un homme de cœur.

Toute la jeunesse de notre village était dans la garde mobile et avait été envoyée dans le midi de la France. Les gardes forestiers avaient été embrigadés et formaient un corps militaire qui avait été se joindre à la garnison de Paris.

Mon ami de Penne, qui était un Bonapartiste convaincu, s’était engagé dans les zouaves de la Garde Impériale pour la durée de la guerre ; ce doit être pour lui un crève-cœur, quand au bout de si peu de temps les zouaves de la Garde Impériale passèrent dans d’autres régiments de la même arme, et qu’il n’eut plus d’impérial que les passementeries jaunes et les aigles des boutons de sa veste. Il passa tout le temps du siège aux avant-postes de Paris.

Ceux qui restaient voulaient tâcher de se rendre utiles. Une garde nationale avait été formée et on montait la garde dans un poste installé dans une sorte de grange, jusqu’au jour qui, hélas ! Arriva bientôt, où voyant toute résistance impossible et cédant aux menaces de l’ennemi, on fut obligé de cacher les armes et tout l’appareil militaire.

Laffitte, grand chasseur, possédait des fusils anglais d’un grand prix ; il crut avoir trouvé une bonne cachette en les confiants au directeur de la maison centrale de Melun, avant que les Prussiens ne fussent arrivés. Dès que ceux__ci furent installés dans la ville, leur premier soin fut de se faire remettre toutes les armes, et il est probable que les beaux fusils de Laffitte mettent maintenant à mort du gibier allemand.

Ferdinand Chaigneau venait de faire bâtir une belle maison sur la route de Macherin, il sollicita l’autorisation d’y établir une ambulance, il l’obtint et l’on vit flotter le drapeau blanc de la convention de Genève.

Chaigneau me demanda si je voulais m’adjoindre, à lui pour faire partie d’un petit comité destiné à l’organisation de cette ambulance, pour laquelle nous avions déjà Médecin et chirurgien. Étant donné l’éloignement actuel des troupes françaises, cette ambulance ne pouvait guère servir des blessés tombés dans les rencontres des Allemands et des francs-tireurs, et ne soigna jamais qu’un de ceux-ci atteint d’une bronchite.

Comme les Allemands ne reconnaissaient pas les francs-tireurs Belligérants et les commissions régulières du gouvernement de la défense nationale, dont leurs officiers étaient munis, ils considèrent l’ambulance de Barbizon où, d’âpres la convention de Genève, on aurait bien soigné des blessés ennemis que français, comme repaire de francs tireurs.

Quelques malheureux coups de feu tires sur des uhlans éclaireurs, avaient exaspéré les officiers allemands. Aussi les représailles étaient-elles exercées avec férocité, pour intimider les patriotes qui auraient eu quelque velléité de résistance ; un pauvre garde forestier nommé Chauveau, père d’une nombreuse famille, fut accroche par les pieds ç une branche d’arbre et fusillé ainsi, la tête en bas, à la suite de l’attaque d’un convoi qui avait eu lieu dans la forêt, sur le chemin de Bois le Roi.

Les barricades qu’on avait faites sur les grand-routes de la foret, dans la folle prétention d’arrêter les mouvements de l’ennemi, avaient été, sur son ordre, détruites par ceux qui les avis construit et les abattis d’arbres qui les composaient, étaient transportés à Fontainebleau, pour le chauffage des corps de garde almanachs.

Dans le village, les réquisitions de fourrage et de bestiaux étaient continuelles, et j’ai vu notre voisin pleurer quand on emmena sa vache que l’on faisait marcher à coups de plats de sabre.

La terreur régnait, la misère était grande et l’humiliation d’être forcé d’accepter comme monnaient légale les thalers prussiens, faisait monter le rouge de la honte à plus d’un visage.

À la suite d’une escarmouche qui avait eu lieu près du village de Bois le Roi, les ennemis fouillèrent les environs et trouvèrent, dans un poste de francs-tireurs, une lettre écrite par moi dans laquelle j’avertissais le commandant de la compagnie que s’il avait des blessés, il pouvait envoyer à l’ambulance de Barbizon.

Le lendemain, Barbizon était envahi par une compagnie de troupe allemande, des bavarois coiffes de leur affreux casque de cuir surmontés d’une chenille noire. On n’en avait pas encore tant à la fois, car ordinairement ce n’étaient que des patrouilles et des reconnaissances de uhlans, faisant un service de police, qui traversait le village.

Nous étions bien loin, à la maison, dans notre intérieur familial, de nous douter de ce qu’ils venaient faire ; on s’empressa de cacher une oie destinée c’est notre repas, et nous plaisantions en disant qu’ils ne l’auraient pas, quand un courageux habitant du village vint, ç son grand péril, me prévenir que j’eus à me cacher. Hélas, il n’était plus temps, les soldats entraient déjà dans la maison, on y faisait une perquisition et le lieutenant Meyer m’arrêtait en y mettant des formes, puisqu’il disait à ma mère et à ma pauvre femme tombée presque sans connaissance, qu’il était probable qu’on ne voulait pas me tuer. Cependant une autre escouade avait fait de même chez Chaigneau et sur l’ordre d’un capitaine on nous mit tous les deux au pied d’un mur. J’avoue que je crus un instant toucher à ma dernière minute, d’autant plus qu’un paysan criait à des femmes : » N’ayez pas peur des coups de fusil, c’est Chaigneau et Gassies qu’ils fusillent ! » C’était charmant.

Enfin, ils prirent une décision et nous emmenèrent à Fontainebleau, l’un et l’autre entourés de soldats, mais séparent, l’un dans les premiers rangs de la colonne, l’autre, qui était moi, dans les derniers ; il faisait un froid cruel et la neige gelée rendait le sol très glissant pour mes galoches de bois, car on ne m’avait pas laissé le temps de me chausser, mais les coups de crosse me faisaient marcher tout de même, je ressentais que fatigue et le cœur manquait un peu, mais il faillait bien marcher quad même.

Arrive à Fontainebleau, âpre un séjour dans un poste de soldats, on nous incarcéra dans la prison de la ville. Je laisse à penser quelle fut l’angoisse de cette nuit et l’émoi que nous causa le lendemain matin l’arrivée d’un e patrouille allemande qui nous prit dans ces rangs pour nous emmener nous ne savions où. À ce moment encore, je crus qu’on menait à la mort. Heureusement ce n’était que pour subir un interrogatoire qu’on conduisait près des officiers allemands.

Nous passâmes six semaines en prison, avec la menace continuelle d’être fusillé. Nous l’aurions certainement été si les Allemands eussent eu affaire aux francs-tireurs dans notre voisinage ; heureusement pour nous, cela n’arriva pas et notre captivité ne fut pas trop cruelle, les premiers jours nous étions en cellule, sans feu, et il faisait très froid, mais deux ou trois jours pares on nous laissa passer la journée au greffe de la prison où il y avait bon feu et nous y fîmes d’interminables parties d » échecs. Nous n’étions pas les seuls otages, le maire de Bois le roi, M. Roux, maire de Nemours, le poète Léon Devauchelle et d’autres encore étaient comme nous prisonniers. M. Jules Claretie, l’éminent académicien, a publié quelque temps après cette malheureuse époque, un petit livre sous le titre de Héros et Martyrs, où il fait mention de cette malheureuse histoire, dans laquelle nous ne fumes pas des héros, mais nous aurions pu certainement être des martyrs, puisque nous étions des otages.

Le séjour de la prison de Fontainebleau n’était pas gai, les aimables Prussiens qui nous gardaient nous montraient souvent leurs cartouches et nous disant, le sourire aux lèvres, quelles nous étaient destiné ; ils nous traitaient d’ailleurs comme des brigands.

L’armistice était signé nous commencions à croire qu’on oubliait ; un des officiers allemands qui était par extraordinaire, un homme poli et bien élevé, se nommait M. de Pernitz, nous dit un jour que s’il ne recevait pas d’ordres du quartier général d’Orléans, il pouvait être probable qu’en se retirant les Allemands nous emmèneraient avec eux.

Nous lui demandâmes de rappeler notre situation à son général, uniquement pour que notre dossier ne restât indéfiniment sous un presse papier, mais sans lui demander aucune grâce.

Quelques jours plus tard, ayant sans doute reçu réponse du général Von der Thann, ce jeune officier vint lui-même nous annoncer joyeusement que nous étions libres. Nous lui demandâmes de nous permettre de finir notre partie d’échecs et nous le remerciâmes des égards que, seul, il avait eus pour nous pendant notre captivité. Quelques instants après, nous retraversions tous deux cette forêt plus gaiement que nous l’avions fait avec une escorte dont les fusils étaient chargés, le jour de notre arrestation. C’était le mardi gras de 1871, dans les premiers jours de mars ; nous avions été amènes à Fontainebleau le 18 janvier.

L’armistice était signé, la paix probable, mais l’occupation était encore loin de finir et on avait encore à Barbizon la visite des Prussiens, seulement ils ne faisaient plus de réquisitions de guerre et pourvoyaient eux-mêmes à leur subsistance, on n’avait plus qu’à les loger, et ils ne se conduisaient pas trop mal chez l’habitant.

Les derniers que nous fumes forcer de recevoir à Barbizon, y arriveraient le jour de la fête de leur Empereur, il y avait eu sans doute distribution extraordinaire d’eau-de-vie, aussi allèrent-t-ils, en chantant le Vache am Rein, dans les gorges d’âprement mettre le feu à ce qui restât du campement des francs-tireurs à la caverne à Tissier. Ce fut pour eux un feu de joie et ils ne furent pas trop désagréables au retour qui se fit aussi avec accompagnement de chants patriotiques, et nous n’en vîmes plus dans notre pauvre Barbizon.

Après cette guerre fatale, éclata la guerre civile qui désola Paris, ce fut pour les aubergistes un moment de prospérité, tant il est vrai que ce qui fait le mal de l’un fait quelquefois le bien de l’autre. Tandis que Paris subissait les horreurs d’un second siège et que l’incendie dévorait ses plus beaux monuments, Barbizon était plein de gens qui avaient fui Paris, les auberges regorgeaient de monde et on avait peine à loger tous ces clients de passage, si bien que j’ai entendu cette parole échappée à la patronne d’un de ces hôtels : «  il faudrait que cela se renouvelât tous les ans ! »

De Penne nous arrivâmes en zouave, il n’avait plus d’autres vêtements, et je l’hébergeai tant bien que mal chez moi en attendant de meilleurs jours. Je ne sais si d’autres peintres que nous deux eurent la chance de vendre de la peinture pendant cette atroce période de la Commune, mais parmi les émigrés de Paris se trouvaient quelques amateurs, notamment M.S. Hayem, qui m’acheta u effet d’hiver en forêt et un de ses amis qui se rendit qu’erreur de quelques aquarelles de Penne.

Pendant les autres années qui suivirent, Barbizon reprit petit à petit sa vie ordinaire, les peintres se remirent à peindre, les chasseurs à chasser. M. O. Agada, autrefois chambellan de l’Impératrice. Croyant à un retour possible de Napoléon III, avait repris presque tout l’équipage de la vénerie Impériale pour la conserver et la rendre à son maître.

De Penne, Gaston Lafenestre, Laffitte et moi continuâmes comme sous l’Empire à être invités aux destructions de biches qu’on faisait en forêt pour y restreindre le nombre des animaux

Le vieux Barbizon, reprenait les allures d’autrefois, mais, après de pareilles secousses, le calme avait succédé aux folies de jeunesse dont j’ai peu être trop parlé à propos de la vie d’auberge des peintres, qui d’ailleurs étaient déjà devenus plus rares, quoique beaucoup d’artistes américains et quelques Anglais fréquentassent encore Barbizon. Millet, était revenu de Cherbourg et avait repris ses travaux interrompus ; Barye aussi s’était installé avec son aimable famille et nous avions renoué nos bonnes relations.

Le pénible souvenir de la terrible période qu’on venait de traverser n’était plus que celui d’un cauchemar, et on recommença les bonnes journées de peinture dans la forêt, toujours belle, toujours la même, toujours hospitalière pour ses fidèles, toujours consolatrice sous la verdure de ses grands chênes. Que dire de ces années pleines de calme après la tempête de 1870 et 71 ?

Le printemps de 1872 fut exceptionnellement superbe, comme jamais on n’en vit de pareil, il semblait qu’un sourire d’en haut était venu pour soulager les misères d’ici-bas.

Chapitre tiré du livre Le vieux Barbizon. J.G. Gassies Hachette 1907.


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