Alf Grand et le Tumble Inn.


A coté de Bodmer et Talamon qui marquèrent fortement par leur pittoresque la physionomie de Barbizon avant et après la guerre de 1914, un troisième personnage mérite d’être nommé, qui a au moins autant de titres qu’eux à l’honneur d’une citation, et ce n’est certes pas  parce qu’il vit encore que je passerai sous silence Alf grand, le barman du Tumble Inn, célèbre dans les deux hémisphères pour son humour authentiquement new-yorkais, son cynisme et la variété de ses cocktails. Bien qu’il jargonne en français, je trouve généralement plus simple de rire de ses plaisanteries que de faire pour les comprendre des efforts qui seraient perdus. Ses propos constituent un véritable grimoire que j’ai pourtant fini par  déchiffrer tant  bien que mal et dont j’ai retenu quelques brides. Né à Londres en 1874 d’une mère qui parlait  neuf langues, il avait neuf ans quand il quitta la capitale  britannique pour retrouver son oncle aux États-Unis. Sa bonne lui avait donné cinq livres comme argent de poche. Il disait avoir quatorze ans. D’abord, il travailla  dans une verrerie, puis il fut garçon de course dans un journal dont le propriétaire l’emmena en Europe. De retour en Amérique, il fut vendeur dans un magasin de nouveautés, puis acheteurs, puis coureur cycliste, puis hôtelier. Que faisait-il  à Santiago de Cuba en compagnie de Théodore Roosevelt ? Je n’en sais, ma foi, rien. Secrétaire d’un constructeur de navires en Europe, il perdit son patron, mourut de faim et le retrouva. Dénoncé à la police comme organisateur de combats de coq, il se mis à courir sur piste. En 1892, il tenait un bar à Asnières. En 1900, il connut le Colonel Cody et esquissa au cirque une assez jolie carrière d’acrobate. Le voilà maintenant de retour à New-York, maitre d’hôtel, intendant d’un riche banquier, professeur d’équitation et de boxe des enfants du président Roosevelt, barman lauréat d’un concours de cocktails, etc. En 1905 il est loueur de vélo Barbizon, et c’est alors que je le connus. Dans l’arrière boutique, il secouait des cocktails pour lesquels ses clients apportaient leurs alcools. En 1912, le peintre Masson le prit comme associé à l’Hôtel de la Forêt. Son exploit le plus remarquable à cette époque de sa vie fur le meurtre d’un lion échappé d’une petite ferme que le cirque Hagenbeck avait loué près d’Arbonne. Le lendemain, le Daily Mail et le New York Herald annonceront qu’il y aurait du lion à manger à l’Hôtel de la Forêt, mais la vérité oblige à dire que ce ne fut pas un succès.

Une clientèle cosmopolite extrêmement brillante est venue s’assoir sur les tabourets  et les inconfortables banquettes de Gran, dans son bar qui semble avoir été aménagé par un metteur en scène d’Hollywood pour un film du Far West, en collaboration avec Frédé du Lapin Argile. On a vu défiler dans ce singulier endroit tout retentissant des claironnants éclats de rire du patron, Fany Ward, Pearl White, les Dolly Sisters, le fils Roosevelt et combien d’autres ! Grand y verrait surgir Staline et Churchill sans donner le moindre signe d’étonnement. Rien ne le démonte, rien ne le surprend. Une seule chose l’attriste, c’est  de boire seul; aussi a-t-il accroché derrière son comptoir une grande glace vers laquelle il se retourne en l’absence de ses clients et qui lui donne l’illusion d’voir en face de lui un partenaire capable de lui tenir tête indéfiniment le verre en main. Est-il nécessaire d’ajouter qu’Alf Grand sourit pour le jeu une passion sans laquelle il manquerait à sa large et rouge figure un trait essentiel ? Un jour il partit pour le Yorkshire afin d’en ramener un cochon, in en revint juste avec sa chemise; il avait perdu au poker le cochon et l’argent qui lui restait.

Mais c’est d’un livre que la vie de Grand fournirait la matière d’un livre que lui seul pourrait écrire et qu’il devra se concentrer de dicter à quelque porte ou journaliste américain.

Tiré du livre Les beaux jours de Barbizon d’André Billy 1947 Éditions du Pavois.

Article traduit de l’anglais tiré d’un journal source non fourni.

Giselle et Jack Goux.

 Giselle était la fille du Grand Alf, le propriétaire à Barbizon de l’American Bar. Elle avait environ vingt-huit ans et parlait parfaitement anglais, car son père était né en Angleterre avant qu’il ne devienne un Français naturalisé après son mariage avec une française. Alf Grand avait bien plus de soixante ans. Il était né dans un quartier Cockney de Londres et avait conservé son accent cockney et de manière tout au long de sa carrière variée dans plusieurs pays. Alf, qui était petit, très gras, et trapu, regardé comme le parfait barman anglais quand il se tenait derrière son bar dans une chambre qui avait été fixé avec des tables rustiques et contenait une tête de cerf au dessus de sa grande cheminée ouverte. Sa femme était une noble française prospectifs dont la dignité et le raffinement étaient en contraste frappant avec son mari « rough-and-tumble ». Elle était affectueuse et joyeuse et jamais ne perdait courage, comme elle a supervisé la place, marcher bien sur habillée et très bien la dame avec ses beaux cheveux blancs . À l’âge de neuf ans, Alf Grande avait émigré dans un tramp à Philadelphie, où son frère était chef de la police depuis quelques années. Alf faisait de fréquents voyages vers la France dans l’équipage de clochard vapeurs, et sur l’un d’eux, il a rencontré  Louise, son épouse. Ils ont couru la boutique d’un traiteur à Washington DC, avant la dernière guerre, et plus tard, il a réussi  dans un grand hôtel dans le nord de l’Écosse. Après que le Luisitania a été coulé en mai 1915, tous les étrangers ont dû quitter cette côte de l’Écosse, et Alf, qui a ensuite été naturalisé américain, se rend en France. Il a servi avec l’armée américaine dans la dernière guerre et est devenu ensuite un citoyen français, afin qu’il puisse devenir propriétaire de l’Hôtel de la Forêt à Barbizon. Plus tard, il a pris l’emplacement dans le centre du village, résistant pendant toute l’occupation allemande,  avec son insigne proclamant fièrement « Alf  American Bar Grand ». Les Photographies de Kermit Roosevelt,  les Dolly Sisters, et  d’autres célébrités assorties identifier ornaient les murs. Les Officiers nazis fréquentaient l’endroit, et même le Général Stûlpnagel, gouverneur militaire de Paris, était parfois avec le patron. Mme Grande, qui n’a jamais  abandonné l’espoir de la victoire sur les Allemands, insultait ouvertement et discutait avec Stûlpnagel, qu’il ne  doit pas penser que l’histoire allait se répéter comme la guerre de 1870. Elle était une ardente Gaulliste, tout comme son mari, sa fille Giselle, et son gendre, Jack.

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